Je peux arrêter quand je veux |
L'industrie du tabac a nourrit depuis des années l'idée que fumer est une affaire de liberté, de choix et de contrôle de soi. Le fumeur croit à tord alors qu'il pourra arrêter de fumer quand il le voudra. Un jour le fumeur essaie d'arrêter et c'est là qu'il est confronté à la réalité pour la première fois: il n'arrive pas à arrêter de fumer. Néanmoins il préfère se voiler les yeux en se disant que s'il n'arrive pas à arrêter, c'est parce-qu'il ne le voulait pas vraiment.
Le fumeur ne se rend pas compte, ou ne veut pas se rendre compte que c'est déjà trop tard... qu'il veut arrêter mais qu'il n'y arrive pas parce-qu'il a perdu le contrôle face à la nicotine. Il se voile les yeux devant toute évidence qui montre que la nicotine est une des substances les plus addictives qui existent.
Le stress est la réponse automatique à toute situation où l'on ne se sent plus en contrôle. Le fumeur cherche inconsciemment à eviter le stress en évitant de se confronter la réalité, en évitant d'accepter qu'il a perdu le contrôle et est dépendant. Il évite le stress, il n'en veut plus, il ne peut plus en recevoir d'avantage car la cigarette elle même le mantient dans un état de stress constant. Eviter le stress est donc pratiquement devenu pour lui une question de survie puisqu'il en est saturé.
Mais un jour le fumeur essaie encore et encore de ne pas fumer pendant quelques heures et il se rend compte qu'il n'arrive pas à s'en passer. Il commence à stresser d'avantage, il commence à se rendre compte de la réalité: il voudrait arrêter de fumer mais il n'y arrive pas. Il ne comprend pas pourquoi, alors qu'il veut arrêter, il n'y arrive pas. Pour lui, ça ne peut pas être à cause de sa dépendance, ça ne peut pas être la conséquence d'une perte de contrôle (puisqu'il s'est répeté pendant des années les mensonges de l'industrie de tabac et que selon lui "fumer" est une affaire de choix, de liberté, de contrôle..). Il ne veut pas croire que les fabricants de tabac lui ont raconté des mensonges! Donc il commence à nourrir un nouveau mensonge : "une partie de moi veut arrêter mais une autre partie ne veut pas" (sous entendu: lorsque "tout moi" voudra arrêter, j'arrêterai). Le fumeur stresse de plus en plus et se voile les yeux derrière de nouveaux mensonges, derrière un écran de fumée.
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Une partie de moi veut arrêter et une autre partie de veut pas |
Le fumeur veut arrêter de fumer mais il n'y arrive pas, il ne comprend pas pourquoi; alors il se dit qu'une partie de lui veut arrêter et une autre partie ne veut pas. Le fumeur ne se rend pas compte qu'en réalité c'est "tout lui" qui veut arrêter mais il a perdu le contrôle face à une des substances les plus addictives qui existent. Le fumeur fume sans comprendre comment fonctionne la dépendance au tabac: Il existe une partie de notre cerveau qui gère tout ce que l'on "veut" faire (par exemple, aller a la plage, aller au travail, regarder la télé); appelons cette zone le cerveau rationnel. Il existe une autre partie de notre cerveau qui gère tout ce que l'on fait sans besoin d'y penser (par exemple respirer, faire battre le coeur, avoir faim etc); appelons cette zone le cerveau automatique. Notre cerveau rationnel réfléchit, analyse; par contre notre cerveau automatique n'analyse rien, ne comprend rien, il n'a qu'un seul message qu'il se répète en continu: "il ne faut pas que j'arrête d'agir, sinon c'est la mort qui arrive". Tout ce qui est géré par notre cerveau rationnel correspond à l'ensemble des actions que l'on a "le choix" de faire ou pas, puisque ces évènements ne sont pas essentiels à notre survie. Par contre, tout ce qui est géré par notre cerveau automatique correspond à des actions essentielles à notre survie... et notre corps le sait! Si l'on essaie d'arrêter de respirer, notre cerveau automatique envoie des signaux de "panique" pour nous forcer à respirer car il sait qu'il ne doit jamais arrêter aucune de ses activités. Il sait que s'il s'arrête, c'est la mort qui arrive.
Lorsque l'on devient dépendant du tabac, le tabac change la manière dont fonctionne notre cerveau automatique. La nicotine prends contrôle de la gestion du glucose, du relâchement de l'adrénaline et même de notre rhythme cardiaque. La nicotine inscrit des activités liées à la dépendance dans le cerveau automatique, elle prend contrôle du cerveau automatique. Lorsque le fumeur n'a pas eu sa "dose" habituelle de drogue, la nicotine encore présente dans le corps envoie des signaux de "panique" via le cerveau automatique pour demander plus de nicotine. En quelque sorte, elle fait croire à notre corps que si l'on ne fume pas on va mourir! Oh la menteuse! C'est le contraire qui est vrai: c'est en fumant qu'on s'assure la mort. Mais le fumeur ne comprend pas comment fonctionne la dépendance et il continue comme un mouton à suivre les ordres de la nicotine: il fume, même contre sa propre volonté. Le fumeur vit en constante contradiction: il ne veut pas fumer mais il continue contre sa volonté. Son cerveau rationnel qui pense, qui raisonne, qui comprend les conséquences néfastes du tabagisme et sent déjà les dégâts envoie au fumeur des messages lui disant qu'il faut arrêter tout de suite pour éviter plus de dégâts, pour éviter la mort. Par contre son cerveau automatique qui a été totalement pris en otage par la nicotine et ne comprend rien, lui envoie des messages lui disant que s'il arrête de fumer, il meurt. C'est alors le stress constant, non seulement le stress "physique" provoqué par la nicotine (gestion du glucose, relâchement constant d'adrénaline, augmentation de la pression artérielle et du rhytme cardiaque) mais aussi le stress psychologique: le fumeur est une marionette, il le sait au fond de lui même, mais il ne sait pas comment se libérer. Il vit en constante contradiction entre son cerveau rationnel et son cervau automatique. Le fumeur continue à fumer contre sa volonté jusqu'à la fin de ses jours ou jusqu'au jour où il décide finalement de reprendre le contrôle de lui même en arrêtant de fumer.
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La cigarette ne fait du mal qu'aux vieux |
Le fumeur veut arrêter de fumer mais il n'y arrive pas. Chaque fois qu'il essaie il y a son cerveau automatique qui lui envoie des messages de panique lui faisant croire que comme pour arrêter de manger ou respirer, s'il arrête de fumer il meurt. Chaque fois que le fumeur essaie de se passer de nicotine, il y a l'état de panique qui se déclenche. Mais le fumeur panique aussi lorsqu'il continue à fumer parce-qu'il connaît les conséquences du tabagisme. Donc peu importe ce qu'il fait: essayer d'arrêter de fumer ou continuer à fumer, le fumeur est en panique. Il a peur des conséquences de fumer et des conséquences de ne pas fumer; le fumeur ne trouve plus la paix. Il ne sait pas comment faire pour changer son cerveau automatique mais il a encore le contrôle sur son cerveau rationnel... donc pour ne plus vivre dans la panique chaque fois qu'il fume, il commence à nourrir de nouveaux mensonges: "la cigarette ne fait du mal qu'aux vieux" .... "ce n'est qu'après 30 ou 40 ans de tabagisme qu'on a des dégâts" ...
Encore des mensonges.... En fait, les effets du tabagisme se font sentir immédiatement et dès la première cigarette: la pression artérielle et le rhytme cardiaque augmentent, le flux sanguin aux doigts et orteils diminue, et la température du corps baisse; le souffle diminue, les goudrons commencent a attaquer les cellules des poumons, des récepteurs nicotiniques sont stimulés. Tout cela encourage le stress, moins d'endurance au moment d'un effort physique et le risque de devenir dépendant même à partir de la première cigarette.
On observe que l'âge de décès lié au cancer du poumon n'arrête pas de diminuer ( surtout chez les femmes ). Le cancer à petites cellules, présent dans 20% des cas de cancer du poumon ( source ) se développe rapidement chez les patients jeunes (entre 30 et 35 ans - voir les histoires de Noni et Bryan Curtis ) et même lorsqu'il est détecté, l'espérance de vie est de seulement 2 ans (chez 20% des patients) avec traitement. Quand le tabac est en contact avec les muqueuses de la bouche, comme c'est le cas chez les gens qui chiquent le tabac, on observe des cas de cancer chez les adolescents comme ça a été le cas chez Rick Bender et Gruen Von Behrens qui ont perdu leurs machoires à cause de leur tabagisme. )
Mais avec le tabac, il n'y a pas que le cancer qui tue, Pam Laffin est décédée à 31 ans à cause d'une emphysémie . Il y a aussi les déces à cause de crises cardiaques ( voir video de l'arthère d'un fumeur de 32 ans )et la mort subite du nourrison (selon une étude anglaise, le tabagisme, même passif, pendant la grossesse était la cause de mort dans 62% des cas - voir source ).
Il y a aussi le cas des jeunes qui survivent aux maladies liées au tabagisme mais portent les cicatrices pour le reste de leur vie. La maladie de Bruegers est une maladie presque exclusivement déclenchée par le tabagisme et qui attaque les jeunes entre 20 et 40 ans. Tout commence par une mauvaise circulation du sang, nécrose aux extrémités, et peut finir par l'amputation des membres. La maladie de Buergers n'est pas exclusive des gros fumeurs, même les fumeurs modérés sont touchés ( source ). Il n'y a pas non plus besoin de fumer pendant des decenies
pour être victime: la jambe de Brandon a été amputée après seulement 3 ans de tabagisme. ( lire son histoire ici ).
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"Je fume des 'légères' donc je me fais moins de mal" |
Beaucoup de fumeurs croient encore à tort que les cigarettes légères, ou 'light' font moins de mal que les cigarettes régulières, qu'il y a des différences entre cigarettes 'blondes' ou 'brunes' en ce qui concerne la quantité de nicotine ou de goudrons qui arrivent aux poumons. Tous ces labels sont juste une stratégie de marketing utilisée par l'industrie du tabac pour tromper et manipuler les fumeurs. En réalité, peu importe quel type de cigarette est fumé par le fumeur, il aura toujours "sa dose" habituelle.
Le tabac et les produits chimiques dans les cigarettes légères n'ont rien de différent des cigarettes régulières. La seule différence qui existe entre les cigarettes légères et régulières c'est le filtre. Le filtre des cigarettes dites "légères" est micro perforé:

source
Lorsque les fabriquants de cigarettes mesurent la teneur en nicotine et goudrons d'une cigarette, ils le font en utilissant une machine comme celle-ci:

source
La machine tire une seule fois et de manière régulière sur les cigarettes et les fume d'un seul coup, du début à la fin. Ensuite on enregiste les valeurs de nicotine et goudrons qui sont passés de l'autre côté du filtre. Dans le cas des cigarettes dites "légères" une partie de la fumée s'echappe à travers les micro perforations du filtre et c'est ainsi que dans le test "par machine" les fabriquants de tabac arrivent à des lectures de goudrons et nicotine plus bas.
Mais dans la réalité, le fumeur ne fume pas comme le fait la machine, et les fumeurs fument pas tous de la même manière.
Aucun fumeur ne donne une taffe unique à la cigarette en la fumant du début à la fin sans arrêter. Tous les fumeurs fument en donnant plusieurs taffes à la cigarette; la nicotine et les goudrons assimilés dépendent du nombre de taffes qu'il donne à la cigarette et de l'intensité avec laquelle il tire. De cette manière il régule la quantité de nicotine et goudrons qu'il absorbe en s'assurant inconciemment d'arriver à "sa dose" régulière de drogue. En plus, lorsqu'il prend la cigarette dite "légère" entre ses doigts, il bouche inconciemment les trous du filtre. A la fin, peu importe si la cigarette est régulière ou légère, le fumeur absorbera la dose de nicotine dont il a besoin pour entretenir sa dépendance. Le risque de maladies liées au tabagisme est le même pour les cigarettes régulières et les cigarettes dites "légères".
Encore plus troublant sont les résultats d'une étude récente de l'Université de Pittsburgh et l'Université de Harvard qui vient d'être publiée en ligne dans l'American Journal of Public Health. Cette étude, effectuée sur 12,285 fumeurs et conduite par Hilary Tindle, M.D., M.P.H., Professeur en Médecine a conclu que les gens qui fumaient des cigarettes dites légères avaient 50% de probabilités en moins d'arrêter de fumer que ceux qui fumaient des cigarettes régulières. ( source )
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Je diminue ma consomation, je suis en contrôle |
Le fumeur veut arrêter de fumer mais il a peur parce que chaque fois qu'il essaie de se passer d'une cigarette il est puni avec des symptômes de sevrage (maux de tête, irritabilité, manque de concentration, etc). C'est de cette manière que la nicotine contrôle le fumeur et le force à rester dans la dépendance même contre sa propre volonté. Néanmoins, le fumeur continue à stresser de ne plus avoir le contrôle et il essaie de se battre, de trouver des manières de contrôler sa dépendance. Il a trop peur d'arreter. Il essaie alors de diminuer la quantité de cigarettes qu'il fume en se disant:"J'ai diminué ma consommation, c'est moi qui suis en contrôle" ; un nouveau mensonge.
En réalité, le fumeur diminue la quantité de cigarettes fumées mais il ne diminue pas du tout la quantité de nicotine et de goudrons qui rentrent dans son corps. Le phénomène qui se produit est très similaire à c qui se passe lorsque l'on fume des cigarettes legères. Inconciemment, lorsqu'il fume, il tire plus souvent de la cigarette et des taffes plus profondes..... a la fin il a, comme d'habitude, "sa dose quotidienne de drogue" qu'il lui faut pour entretenir sa dépendance.
Autrefois on conseillait aux femmes enceintes de diminuer leur consommation de cigarettes quotidiennes à 5 pour éviter les dégâts du tabagisme chez le foetus. Depuis cette époque, on a fait toute une serie d'expériences et des études qui ont montré que cela ne sert à rien de diminuer. Aujourd'hui, les gynécologues qui sont bien informés sur le tabagisme conseillent aux femmes d'arrêter totalement. Diminuer, ça ne sert à rien.
© Dax 22/07/2006
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